LE SOUVENIR D’ENRIC MOULY
Henri Mouly est né (en 1896) et mort (en 1981) à Compolibat en Rouergue, village de ses ancêtres, tous paysans depuis le fond des siècles, où il exerça sa profession d’instituteur pendant quinze ans, ce qui permet de comprendre son attachement à ce monde terrien, à la noblesse de son métier, à ses traditions et à sa langue, dont il s’est fait le mainteneur et le chantre. Entré en religion occitane en 1921, sous le parrainage des deux grands poètes Prosper Estieu et Antonin Perbosc, d’emblée il adhéra à leur Escolo occitano et il fondera sa propre association, le Grelh Rouergat, qui est toujours en vie et continue de faire du Rouergue un des foyers les plus actifs de la culture occitane. Pour sa part, consacrant sa vie à la défense et à l’illustration de la langue d’oc, il s’affirmera un des combattants les plus efficaces, se battant sur tous les terrains avec toutes les armes : l’écriture, le théâtre, l’école, tour à tour poète, romancier, auteur de comédies qu’il interprétait lui-même, mettant au point un manuel pour l’étude de la langue… Il deviendra majoral du Félibrige et maître ès jeux de l’académie des Jeux floraux. Constamment en avant pour montrer le chemin, avec passion, enthousiasme et opiniâtreté pendant soixante ans, il ne cessera pas de créer (et son roman La Barto flouriguèt est considéré comme le meilleur roman jamais écrit en langue d’oc) ni de faire des disciples, dont l’un d’eux, Jean Boudou, est aujourd’hui reconnu comme le plus important écrivain occitan contemporain, ayant acquis une réputation internationale. Lui-même fut jusqu’à sa mort en constante liaison avec de grands universitaires allemands, spécialistes de la philologie romane et ce sont eux qui apportèrent le plus solide soutien à la candidature de son roman au Prix Nobel des Cultures menacées. Mais en bon Rouergat, Henri Mouly appréciait au plus haut point les joies simples, partagées en famille ou entre amis autour d’une bonne table qu’accompagnent de bons vins. Il avait écrit plusieurs poèmes à la gloire des bons crus des terroirs occitans et il avait sûrement eu l’occasion d’apprécier les vins du Frontonnais, son fils Charles, à l’heure de la retraite, étant venu s’implanter à 10 km de Fronton.
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